L'école de Bats : toute une histoire

L'école de Bats : toute une histoire

Depuis le début du XIXème siècle, l'organisation de l'enseignement est une préoccupation constante de la municipalité.
L'école des garçons

En 1832, point de bâtiment communal destiné à l’enseignement primaire. En 1835, après y avoir été autorisé par ordonnance royale, la commune acheta à Madame Pardaillan une maison avec cour et jardin, pour faire office de maison commune devant abriter l'école et la salle pour la tenue des assemblées locales. Ce bâtiment était l'ancien presbytère, bien du clergé qui avait été vendu par la Nation à un particulier suite à la Révolution. Finalement cette maison accueillit non pas l'instituteur, mais le curé !

L’instituteur Pierre Laborde enseignait et se logeait dans une maison d’habitation du village où il n’accueillait que les garçons. Ses successeurs lassés de se loger et de tenir école dans «  deux mauvaises chambres petites et en mauvais état » louées par la commune à un particulier réclamèrent une véritable maison d’école.

En janvier 1840, le maître d’école Guillaume Barate dénonça cette situation auprès du préfet : « Je ne sais comment le Conseil Municipal de cette commune a-t-il pu disposer à son gré de cette maison [le bâtiment acheté à la famille Pardaillan en 1935]  ; c'est-à-dire comment se conseil a pu changer la destination qu'on avait donné à cette maison quand la commune l'a achetée. On a loué à un particulier de la commune une mauvaise chambre pour y faire seulement l'école. C’est une chambre formée en murs faits de torchis, laquelle est toute ouverte, il y pleut, il y neige ! En conséquence je vais en vous supplier de mettre un frein à cet état de choses en ordonnant que la maison commune de Bats soit rendue à sa première destination. »

La commune fit donc l'acquisition d'une autre maison, appartenant aux sœurs Proères, afin d'y loger le curé et de permettre à l'instituteur de réintégrer la maison initialement destinée à l'école. Mais finalement, le curé resta dans ses murs (l'actuelle mairie) et l'enseignant s'installa dans la nouvelle maison qui devint la première maison d’école communale, elle abrite aujourd’hui les deux logements communaux.

Jusqu'aux lois Jules Ferry (1881-1882), l'école n'était pas gratuite

En 1842, l’école était payante sauf pour les plus pauvres. Les familles versaient à l’enseignant une rétribution de 6 Fr par an pour un débutant et 7 Frs par an pour un enfant écrivant. Le conseil municipal dressait la liste de ceux qui devaient être accueillis gratuitement.

En 1852, la contribution devenue mensuelle était de 50 centimes pour un enfant n’écrivant pas et 1 Fr pour un enfant écrivant. Elle était encaissée par la commune.

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En 1842, la commune versait à l’enseignant un traitement annuel fixe de 200 Frs payé en partie par une imposition extraordinaire et pour le complément par des aides du département et de l’état. La loi Guizot de 1833 organisait le système scolaire public et encourageait toutes les communes à ouvrir une école de garçons mais l’école n’était pas obligatoire. Les difficultés financières étaient constantes :

  • En 1843, l’instituteur, M. Comieu, nommé depuis quatre mois n’avait toujours pas reçu son salaire fixe suite à un problème administratif, la commune lui alloua 66,66 Frs à titre de gratification.
  • En 1844, la commune reçut un secours de 30 Frs accordé sur le produit des amendes de police correctionnelle ; cette somme fut utilisée pour équiper l’école du matériel de première nécessité qui manquait : une méthode de lecture, un tableau noir, une table à pupitre pour les enfants qui écrivaient, quelques bancs et une 2ème table à l’usage de l’instituteur.

En 1852, l’enseignant recevait toujours un traitement fixe annuel de 200 Frs et des indemnités complémentaires pour atteindre le revenu minimum global de 600 Frs fixé par la loi Falloux de 1850 qui imposait une école de garçons dans toutes les communes quel que soit le nombre d’habitants. Une subvention conséquente permettait à la commune de financer ce montant.

De 1848 à 1872, le maître d’école était Pierre Rigobert Malet né à Bats (ascendant d’Alain Lion).Il est décédé en 1872 à l’âge de 45 ans.

En 1876, l'école des garçons et le logement de l'instituteur étaient dans un état déplorable et présentaient des dangers tels que le curé les signala au préfet : « Les murs de cette maison sont profondément lézardés et laissent passer la lumière en plusieurs endroits. Plusieurs « empoignures » se sont effondrés et les cloisons intérieures sont tellement chancelantes qu'elles ne pourraient résister au moindre choc. Les murs extérieurs s’écartent peu à peu et sont prêts de laisser échapper les poutres qui soutiennent la toiture. Cette circonstance est on ne peut plus grave et peut à chaque instant amener une catastrophe qui plongerait dans le deuil et la désolation la plupart des familles de Bats. Vous trouverez peut-être, Monsieur le Préfet, ma démarche indiscrète attendu que je m'occupe d'une affaire qui n'est pas de ma compétence. »

Le Conseil Municipal dût donc louer un bâtiment à Despons Jean, dit « Placiat », afin d'y installer les élèves. Il fut alors décidé la construction d'une nouvelle école pour les garçons. L'ancien bâtiment, en bordure de route, fut restauré et destiné au logement de l'enseignant et une salle de classe fut construite à l'arrière. La commune n’ayant pu réaliser la vente de biens communaux, il fallut recourir à un impôt extraordinaire. L’'entrepreneur était Lucien Barbe d’Aubagnan ; l'architecte M. Bancons de Vielle. Les travaux furent achevés en 1882 et la salle de classe des garçons déménagea dans un bâtiment neuf construit à l’arrière de la maison d’école (le petit foyer actuel).

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L'école des filles

En 1861, un Batsois Jean Despons dit Pié épousa Jeanne Castets native d’Aubagnan domiciliée à Monségur qui était institutrice. Ils s’installèrent maison Placiat et une école de filles fut ouverte dans cette habitation. Jeanne fournissait donc son logement et sa salle de classe et percevait un salaire de 50 Frs par an.

En 1875, étant donné son minime salaire, la commune lui octroya 50 Frs supplémentaires « à titre d’indemnité et d’encouragements pour les efforts fournis ». Des subventions exceptionnelles permettaient certaines années d’améliorer son salaire. Elle exerça jusqu’en 1881. La commune dut ensuite louer à ce même Jean Despons, pour la nouvelle institutrice, un nouveau local comprenant une chambre à coucher, une cuisine et une salle de classe pour 60 Frs par an.

En 1883, le maire Jean Despons (Jeannon) fit faire 1 table, 2 bancs et 1 petit bureau pour l’école de Mlle Commarieu qui n’avait pas de mobilier scolaire. Il paya ces objets sur ses deniers mais se remboursa un peu plus tard sur un secours octroyé par le préfet. Des secours étaient fréquemment demandés pour le paiement du loyer. Cette école comptait 20 filles en 1884. 

En 1887, Bats faisait partie des 6 communes des Landes de moins de 401 habitants à avoir une école pour les filles ! Cette classe fut transformée en 1888 en classe enfantine mixte qui accueillait les enfants de 4 à 7 ans. En 1889, cette classe comptait 27 élèves dont 5 de moins de 5 ans : 15 garçons et 12 filles. L’école des grands en comptait 18 : 10 garçons et 8 filles.

L'école mixte à classe unique

En 1889, l’administration (préfet et inspecteur) proposèrent la suppression de la classe enfantine. L’inspection Académique constatant un fort absentéisme chez les grands notamment l’été et considérant qu’une classe pouvait accueillir 40 élèves sans les moins de 5 ans. Le 4 juillet 1889, la classe enfantine fut fermée. Il restait donc une classe unique mixte. Une maîtresse de couture intervenait pour initier les filles aux travaux d’aiguille, la commune lui versait une indemnité de 60 Frs. De 1902 à 1910 ce fut la mère de l’instituteur M. Fabrie puis sa femme. En 1947, il s’agissait d’Alice Castaing dite "La petite Alice".

Un poêle à bois cylindrique trônait au centre de la salle de classe, le bois pouvait être apporté par les parents. Le préau et les toilettes étaient établis au fond de l’actuelle place de l’école sur un terrain acheté en 1922 à Jean- Baptiste Despons. Les enfants habitant loin de l’école apportaient leur gamelle et mangeaient sous le préau ou dans la salle de classe, certains mangeaient dans des familles du bourg amies ou parentes. Il est même arrivé que l'on fasse la soupe sur le poêle de l'école, avec l'institutrice dans les années 40, avec des légumes apportés par les enfants.

L’administration encourageait la commune à se doter d’une école plus confortable. Les rapports du Conseil Général sur l’instruction primaire indiquaient en 1924 : « La municipalité de Bats attend des jours meilleurs pour construire une école », en 1925 : « A Bats-Tursan où dure une vieille école, l’institutrice (Mlle Perrenx) a su organiser une fête où la quête a produit 460 Frs, tout de suite utilisés pour l’achat de matériel ; une nouvelle fête permettra de créer une bibliothèque ».

Ce n’est qu’en 1953 que la commune acquit une parcelle de terrain appartenant à M. Bellocq pour le prix modique de 500 Frs, somme qui, suivant les indications du vendeur, devait être reversée à la caisse des écoles. L’école actuelle fut construite, en 1955, sur ce terrain.

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Le regroupement scolaire

En 1979, l’école de Bats se regroupa avec celle d’Aubagnan : les enfants de 4 à 7 ans des 2 villages étaient scolarisés à Bats, les plus grands à Aubagnan. Mme Jouguet effectuait le ramassage scolaire, une cantine fut créée dans chaque village, la cuisine se faisait à Bats dans un local situé dans le bâtiment de l’actuelle mairie. En 1986, l'ancienne école fut aménagée en foyer rural. Plus tard, des travaux de rénovation furent entrepris au groupe scolaire actuel : ravalement, chauffage, isolation, menuiserie.

En 1999, le regroupement s’élargit à Vielle et l’école de Bats fut transformée en école maternelle.

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